Coucou !
Voici un article tout chaud sur un moment magique que nous avons vécu ce Week-End même !
Nous sommes partis à la Roche Percée, à Bourail, pour assister à un heureux événement : l’émergence (ou naissance) des bébés tortues grosses têtes ! Et nous en avons vu !!!
Le premier matin, Samedi, dès 4h30, nous étions sur la plage, à attendre la lueur de l’aube pour pouvoir commencer à arpenter les lieux. Toute lampe torche et lumière étant proscrite, pour ne pas embêter les éventuels bébés.
En effet, dès que les tortues sortent du sable, elles sont attirées par la lumière, lumière de la mer qui brille. C’est comme cela qu’elles vont à l’eau ! Si on leur projette d’autres sources lumineuses, elles peuvent changer de direction et ne pas trouver leur but.
Les éco-gardes sont arrivés à 5h30, et nous avons cherché ensemble, car notre investigation à deux n’a pas porté ses fruits. Les éco-gardes sont quasi-tous bénévoles, et arpentent tous les matins la plage pour sortir les dernières tortues de chaque nid éclot 24h plus tôt.
Ce jour, ils ont trouvé 3 bébés, seuls survivants d’un massacre orchestré par un crabe étant venu se nourrir dans le nid. Les nids sont quand même profonds : environ 50 cm sous le sable ! Et sont indétectables à l’œil nu, seuls les gardes connaissent les endroits. Et au moins ça évite que d’autres personnes les déterrent ! Sur le chemin entre le nid et la mer, il ne faut surtout pas les aider, ni les toucher ! Elles doivent le faire seules ! En effet, ces 10 minutes sont cruciales, car c’est dans ce court laps de temps sur la plage qu’elles vont apprendre à coordonner leurs mouvements, pour pouvoir ensuite nager. Elles vont également mémoriser leur position, comme un point GPS, en se servant du champ magnétique terrestre. Ce point enregistré, elles pourront y revenir le moment venu dans plusieurs dizaines d’années…

Le deuxième matin, nous avons assisté au spectacle de plus d’une trentaine de bébés se dirigeant vers leur futur!!! Whaouuu !!! Ces pauvres petites bêtes ont encore un long chemin à faire. Elles ont résisté aux chiens errants, aux crabes, aux hommes, dans leur nid, mais après ça, la route est encore plus périlleuse ! Il faut aller à la mer sans se faire attaquer par les oiseaux, chose aisée ici, car il n’y a pas d’oiseaux ! Mais dans l’eau, les poissons les attendent déjà, même les dauphins les mangent…! Elles ont, grâce au jaune d’oeuf emmagasiné, une réserve de nourriture de 4 jours pour sortir du nid, traverser la plage, aller à l’eau, et nager jusque derrière la barrière de corail pour retrouver les courants dans lesquels il y aura de la nourriture ! Et même dans ces courants, il faut faire attention aux détritus de l’homme, sacs plastiques et autres dangers mortels…
Si elles y arrivent, elles vivront en Australie, jusqu’à 25, 30 ans, avant de revenir ici, sur la plage de leur naissance, pour pondre à leur tour ! Et les oeufs qu’elles feront seront endémique à cette plage ! Ce qui signifie que si on déplace les oeufs à un autre endroit, il n’y aura pas de bébés tortues qui en sortiront !!! Incroyable ! Pourquoi tant de kilomètres parcourus pour pondre me direz-vous ? Pourquoi ne pas le faire là où elles vivent, en Australie ? Tout simplement pour éviter la consanguinité sur le long terme. En pondant si loin, moins de risque de tomber sur la famille !
Le dernier chiffre est violent : seulement un bébé tortue sur mille arrivera à l’âge adulte… C’est dire le massacre… Ces pauvrent petites bêtes servent de repas dans la chaîne alimentaire de bons nombres d’espèces ! C’est pour cela qu’il faut les protéger, et tout faire pour que de plus en plus de tortues continuent à pondre en Nouvelle-Calédonie, comme ailleurs.

En tout cas, ce fut un moment inoubliable, mais je ne vous ai pas pour autant oublié, car voici maintenant le film de leur émergence, et la série de photos !
Je dédie cet article à ma maman, qui adore les tortues !

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